Le véritable coût de nos achats textiles

Les applications numériques gratuites ont un prix caché : l’utilisation de vos données personnelles. Les vêtements ont également un coût induit énorme : exploitation de personnes, de matières premières, de pollution. Comment améliorer les choses ?

« Si c’est gratuit, c’est que le produit, c’est toi ». Ce slogan, qui reflète parfaitement la réalité de l’économie numérique, est aujourd’hui bien connu et compris. La gratuité altruiste des géants du numérique, GAFAM américains ou BATX chinois, ne fait pas partie de leur business model et ils génèrent des chiffres d’affaires aussi gros que le PIB d’un petit pays. Ils gagnent donc bien de l’argent ailleurs ! Nous savons maintenant qu’ils exploitent en fait nos données personnelles et les monétisent. Nos données leur servent de matière première pour la publicité qu’ils nous forcent à ingurgiter et leur permettent de mieux connaître nos habitudes, nos goûts, nos horaires de travail, nos appareils numériques. Leur objectif final est de nous vendre un maximum de produits, souvent inutiles, ou de vendre nos données qui viendront ensuite alimenter, par exemple, les algorithmes de matching de célèbres applis de rencontre…

Pour les biens de grande consommation comme le textile, les mêmes raisonnements s’appliquent. Si un vêtement neuf est affiché à un prix dérisoire, c’est qu’au moins une personne a été exploitée pour le fabriquer.

Exploitée comment ? D’abord humainement et socialement. Salaires outrageusement faibles, femmes maltraitées, heures de travail indues, travail des enfants, conditions de travail indignes, perte des savoir-faire et traditions locales, ou encore exposition à des matières cancérigènes.

Ensuite écologiquement. Sols souillés, eaux polluées, teintures toxiques, délocalisations qui génèrent des transports tout autour du globe, accumulation des déchets sur la chaîne de production et de vente, et consommation folle de matières premières.

Il est grand temps que le monde de la mode change, et que nous changions notre rapport à la mode. Changer de look et renouveler sa garde-robe fréquemment, c’est très agréable, et la société actuelle nous explique même que c’est normal. La piètre qualité des vêtements ne leur permet d’ailleurs souvent de ne survivre qu’à peu d’utilisations, on retrouve malheureusement le phénomène d’obsolescence programmée dans le secteur textile (le pire exemple étant les collants !). Mais nos habits sont-ils vraiment ringards au bout de quelques mois ? Ou accordons-nous trop d’importance aux photos et influences des magazines?  Sommes-nous si versatiles que nous n’aimons pas les choses plus de 3 mois ?

Navette tissuUsine fabrication de coton

La mode émet davantage de gaz à effet de serre chaque année que les vols internationaux et le trafic maritime réunis! Modifier notre consommation est donc devenu indispensable, il faut à la fois consommer moins et mieux. Changer d’habitudes dans un monde qui valorise l’ultra-consommation n’est pas toujours chose simple, les premiers pas sont les plus durs… Alors, nous vous proposons aujourd’hui quelques astuces pour amorcer le changement.

Pour commencer, ne jetez plus aucun de vos textiles dans la poubelle ! Déposez dans les conteneurs à vêtements (ou directement auprès de structures sociales dédiées) tous les habits dont vous n’avez plus l’usage, mais aussi tous vos déchets textiles (vêtements troués, bouts de chiffons, chutes de couture, etc.). Une seule exception : les tissus très souillés, par exemple par de la graisse, qui doivent aller dans la poubelle normale. Si les conteneurs sont opérés par des structures sociales, les pièces en bon état pourront être données aux personnes dans le besoin (Vestiaire social, Emmaüs) ou vendues dans des magasins d’intérêt général spécialisés dans la seconde main (Label Emmaüs, ateapic, Caritas, Ding Fring). Ce circuit court vertueux contribue également à la réinsertion professionnelle de personnes éloignées de l’emploi. Les déchets et les pièces en mauvais état ou inutilisables pourront être recyclés et donc réutilisés dans d’autres matériaux (isolants, chiffons ou nouveaux tissus), tandis que le restant pourra être revendu à l’étranger. Si vous jetez vos bouts de tissus ou habits abîmés dans la poubelle normale, ils seront tout simplement brûlés : aucune possibilité de seconde vie, accumulation de déchets, génération de gaz à effet de serre et aucun bénéfice social… donc c’est tout perdant !

Ensuite, il faut rendre le textile durable dans le temps. On peut commencer par trier son armoire et donner ou jeter (en conteneur approprié bien sûr!) tout ce que l’on n’a pas porté depuis 12 mois et que l’on ne remettra donc certainement jamais. Un bon tri permet déjà d’y voir plus clair et de réaliser le nombre important de pièces dans notre garde-robe! Lorsque l’on achète des vêtements neufs, il vaut mieux éviter la mauvaise qualité qui s’abîme aux premiers lavages ou se troue avec le frottement de la ceinture; être attentive aux matières qui composent votre habit (labels Oeko-tex, écolabel européen, écocert-textile, GOTS ou Bioré; matières recyclées); privilégier les fabrications locales ou proches; vérifier l’impact du vêtement et l’éthique de la marque sur Clear Fashion ou par leur appartenance aux réseaux B Corp ou 1% for the planet®. Et il y encore plein d’autres alternatives à explorer: achetez de la seconde main (le vintage est « so chic » et le vêtement le moins polluant reste celui qui n’est pas produit !), réparez vos vêtements, customisez-les, rendez-les unique avec des perles, des nœuds, des thermocollants, des ajouts ou pourquoi pas des clous argentés. Notre dernière newsletter regorge d’adresses et d’idées, si vous ne l’avez pas reçue, demandez-la en commentaire!

Enfin, il existe une astuce efficace pour avoir une consommation plus raisonnée. Avant chaque achat, on peut déjà se demander si l’on possède déjà son équivalent et si l’on en a vraiment besoin. Ensuite, l’idéal est de reposer l’objet de son désir (ou de fermer son application de shopping) et de différer de 2 jours son acte d’achat… Si l’achat vous semble toujours nécessaire passé ce délai, c’est tout bon, faites-vous plaisir : vous aviez un besoin et non un désir instantané, et le plaisir de l’acte d’achat sera décuplé par l’attente.

Sinon, vous aurez fait une économie, vous n’aurez pas encombré vos placards d’affaires inutiles et cet acte de non-achat est finalement un beau geste pour la planète ! Dans tous les cas, vous venez de faire un premier pas très gratifiant vers un nouveau mode de consommation.

Nous espérons que ces quelques idées vous inspirerons pour entamer un changement de consommation et de vie. Au fait, bienvenue dans le fameux monde d’après !

vintage shoppingmatieres pour recyclage

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